La figure d’Adonis est très présente dans l’univers littéraire et pictural de l’époque baroque. Ce mythe du beau jeune homme amant de Vénus, la laissant éplorée lorsqu’il meurt transpercé par la défense d’un sanglier, est riche en résonances contemporaines : la question de la beauté-objet, ici au masculin, y rencontre celle des passions destructrices et des cycles de vengeance.
Le spectacle Adonis. Mascarade met le personnage à l’honneur, principalement à travers L’Adone de Giambattista Marino. Autour des épisodes du mythe s’entrelacent des madrigaux et scènes lyriques du premier 17ème siècle italien, de la plume de compositeurs tels que Mazzocchi, d’India ou Carissimi.
Ce théâtre musical sera porté par trois voix et des instruments baroques, auxquels s’adjoindront les ressources poétiques offertes par l’électronique : tandis que le synthétiseur apportera au continuo une riche palette de couleurs, des samples pré-enregistrés pourront faire irruption, comme pour exprimer le trouble de l’âme. À ces voix s’ajoutera celle de la comédienne Simona Morini, également chanteuse traditionnelle, issue d’un théâtre populaire qui privilégie une adresse frontale au public.
Plusieurs procédés artistiques seront convoqués pour accompagner la réception : traduction parlée ou chantée, mais aussi projection de surtitres intégrée au dispositif scénique, où la graphie serait vectrice de sens tout autant que les mots.
La scène, habillée de toiles tendues, sera également habitée de masques fantasmagoriques créés par Joséphine Sens. Présence absente évoquant l’univers des vanités, cet accessoire théâtral permet des métamorphoses rapides, faisant émerger du groupe de mystérieux interlocuteurs dont on ne sait s'ils sont humains, divins ou animaux.